Ouverture de l’IRCAD Africa à Kigali (Rwanda) : allier la recherche et l’innovation à la formation des chirurgiens pour développer l’accès aux soins en Afrique et partout dans le monde.
L’IRCAD Africa a pour ambition de faire progresser le niveau de soin et la santé sur l’ensemble du continent africain grâce à deux axes d’action :
- La formation des chirurgiens de toute l’Afrique à la chirurgie mini-invasive – le premier cours de chirurgie digestive qui s’est tenu du 2 au 6 octobre a réuni des chirurgiens venus de 15 pays d’Afrique subsaharienne.
- La recherche et le développement avec le projet Disrumpere[1], qui vise à démocratiser l’accès au diagnostic, au suivi et au traitement des tumeurs en utilisant à la fois des équipements peu coûteux et l’intelligence artificielle pour limiter l’opérateur-dépendance. L’objectif : pallier le manque de médecins dans les déserts médicaux, en Afrique et partout dans le monde.
A gauche, le bloc où se déroule le cours de laparoscopie, doté de 15 tables, à droite, chirurgiens en formation
Le projet de recherche Disrumpere est développé grâce au savoir-faire des équipes franco-rwandaises de cliniciens, d’ingénieurs, de spécialistes de l’intelligence artificielle. Le Rwanda dispose en effet d’experts en mathématiques et en informatique, formés dans des universités de renom international – Computer Science Carnegie Mellon University (CMU), African Institute of Sciences Rwanda (AIMS). Disrumpere a débuté il y a près de trois ans, et les recherches ont déjà abouti à des innovations concrètes et opérationnelles : le passage en clinique du volet obstétrique du projet a été approuvé le 7 octobre 2023 et débutera dans les prochaines semaines, avec des publications attendues à la fin 2024.
Afin de démocratiser l’accès aux soins, Disrumpere s’appuie sur la technique de l’échographie pour développer une imagerie médicale assistée par l’intelligence artificielle, peu onéreuse (sondes portables) et à accessible à des non experts. L’échographie…
- permet d’obtenir des images en temps réel (ce qui est nécessaire pour guider les biopsies ou les gestes de chirurgie percutanée) ;
- n’expose pas à des rayonnements ionisants ;
- est aisément transportable.
« Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé publié en 2021, cinq milliards de personnes n’ont pas accès à l’imagerie médicale, alors que celle-ci est essentielle au diagnostic, au suivi et au traitement de nombreuses maladies, comme elle l’est à la prévention (notamment dans le cadre du suivi des grossesses où les besoins sont colossaux en Afrique), explique le professeur Jacques Marescaux, fondateur et président de l’IRCAD France. Par ailleurs, deux milliards de personnes n’ont pas accès à la chirurgie la plus élémentaire et la chirurgie mini-invasive demeure insuffisamment accessible, partout dans le monde, particulièrement en Afrique ».
Les recherches développées dans le cadre de Disrumpere comme les programmes de formation organisés à l’IRCAD Africa permettront d’élargir l’accès à l’imagerie et à la chirurgie mini-invasive. L’ensemble des actions a reçu un soutien important du gouvernement rwandais (avec 26 millions de dollars consacrés à la construction du bâtiment), des mécènes – entreprises de la région Grand-Est, mécènes rwandais, industriels dans le domaine du dispositif médical (Metronic Karl Storz, Intuitive Surgical, Pentax), Agence Française de développement (200 000 euros déjà engagés pour la première année).
« Le projet doit beaucoup à la détermination du Président et du gouvernement rwandais à améliorer la santé au Rwanda, explique le Dr Guillaume Marescaux, initiateur du projet, dont il a eu l’idée lors de missions humanitaires conduites au Rwanda. Après une première rencontre organisée à Strasbourg avec l’ambassadrice du Rwanda en France, nous avons été mis en relation avec le Président Kagame. Il a été conquis et s’est engagé rapidement, convaincu des bénéfices qu’apporterait l’IRCAD Africa à la population du Rwanda et, au-delà, à l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne. On était alors en 2017. Le projet était lancé et les équipes de R&D se sont rapidement engagées dans le projet Disrumpere. Aujourd’hui, la première formation s’est bien déroulée, le projet avance et toutes des équipes sont rassemblées au sein du bâtiment inauguré samedi. C’est un aboutissement et une immense satisfaction pour tous, Rwandais et Français. »
A gauche, l’entrée du bâtiment de l’IRCAD Africa, conçu par l’architecte Patrick Schweitzer, à droite, le dévoilement de la plaque (de gauche à droite: président Paul Kagame, Professeur Jacques Marescaux, Docteur Guillaume Marescaux)
L’IRCAD Africa est la première pierre et l’élément central d’un projet plus vaste, Kigali Health City, qui accueillera un hôpital, des biotechs, des universités ainsi qu’un complexe hôtelier pour héberger experts et chirurgiens en formation. « Kigali est la deuxième ville africaine en termes d’accueil de congrès. Kigali Health City a pour vocation de devenir le hub de la région en termes de recherche et de soins, et l’IRCAD Africa jouera un rôle-clé dans la formation des chirurgiens », conclut le Dr King Kayondo, président de l’IRCAD Africa.
Téléchargez les photos de l’IRCAD Africa
___________________________________________________________________
Disrumpere:
le début de l’essai clinique dédié au suivi des grossesses, un jalon marquant.
Le projet Disrumpere comporte plusieurs volets sur lesquels travaille une équipe franco-rwandaise de 20 à 30 personnes :
- le volet diagnostic et suivi repose sur le développement d’algorithmes performants pour réaliser des examens permettant de détecter aisément les pathologies les plus courantes ;
- le volet robotique a pour objectif de démocratiser l’usage de la chirurgie percutanée, qui consiste à utiliser des aiguilles pour effectuer des biopsies ou détruire les tumeurs cancéreuses de petite taille sous guidage échographique.
Les équipes de recherche franco-rwandaises travaillent à partir des sondes échographiques portables, peu onéreuses – quelques milliers d’euros, soit 10 fois moins qu’un échographe hospitalier premium standard et plus de 100 fois moins qu’un équipement de type scanner ou IRM auxquelles sont ajoutées des sondes permettant de les localiser pour mettre l’examen à la portée d’un profane. « Leur portabilité et leur facilité d’utilisation doit permettre de lever les freins au suivi médical dans des zones où il n’y a pas suffisamment de médecins ou de centres de soins équipés, explique Alexandre Hostettler, Head of Surgical Data Science Team IRCAD France & IRCAD Africa. Autres avantages de l’échographie : il s’agit d’une imagerie qui n’utilise pas les rayons X – à la différence, notamment, du scanner ; elle permet de réaliser des actes de dépistage, de diagnostic, de suivi, de biométrie, et notamment de biométrie fœtale. Elle peut être aussi utile pour guider un geste de chirurgie percutanée, par exemple, pour réaliser une biopsie ou encore pour détruire des tumeurs à un stade précoce. En outre, étant donné qu’elle fournit des images acquises en temps réel, elle peut avantageusement servir à guider un acte de chirurgie percutanée robotisé. »
Les technologies ainsi développées permettront non seulement d’améliorer le suivi des pathologies chroniques, dont le cancer, mais aussi celui des grossesses grâce à une application de biométrie fœtale. En effet, le Rwanda, et plus largement l’Afrique subsaharienne, disposent aujourd’hui d’un nombre insuffisant de médecins et d’équipements pour assurer le suivi nécessaire au bon déroulement de la grossesse à une grande échelle.
L’application développée dans le cadre de Disrumpere permet à un non-expert de réaliser en quelques minutes un examen échographique de biométrie fœtale : grâce à la mesure automatisée de la longueur du fémur, de la circonférence de l’abdomen, de celle du cerveau, réalisée durant les trois premiers mois de la grossesse, il est possible de dater précisément le terme de celle-ci, une information capitale, tant pour l’organisation des soins que pour le suivi du bon développement du fœtus.
Les tests cliniques de l’application débuteront dans les tout prochains jours ou semaines. Réalisés sur 1 000 à 3 000 femmes, ils compareront les performances de la sonde « augmentée » développée dans le cadre de Disrumpere à celles d’un échographe hospitalier.
Ce faisant, ils offriront aussi aux femmes incluses l’accès à des examens aujourd’hui rarement accessibles. À terme, l’objectif est de proposer et d’organiser, au Rwanda et au-delà, un suivi de toute la grossesse pour moins de 10 dollars.
Contact presse :
FINN Partners
sante@finnpartners.com
Véronique Simon-Cluzel +33 6 68 86 32 30
Aurélia Adloff +33 6 89 38 94 70