IRCAD Africa : un an après

Editorial

Ce mois-ci marque un tournant important pour l’IRCAD avec le premier anniversaire de l’IRCAD Africa, implanté à Kigali au Rwanda. Ce projet, ambitieux et porteur d’espoir, est le fruit de la vision éclairée d’un chef d’État remarquable, d’un pays résilient et dynamique, et de la collaboration étroite entre nos équipes et les autorités locales. Le Rwanda, ce pays qui a su se relever des épreuves les plus difficiles, témoigne d’une détermination exemplaire à rendre les soins de santé innovants accessibles à tous.

L’objectif de l’IRCAD Africa est de démocratiser la chirurgie mini-invasive en Afrique en offrant aux praticiens locaux une formation de pointe et des technologies avancées, jusque-là rarement disponibles dans cette région. En tant que premier centre de ce type sur le continent, l’IRCAD Africa est une structure unique qui s’engage à renforcer l’accessibilité des soins chirurgicaux, en particulier pour les populations les plus démunies. Depuis octobre 2023, déjà plus de 400 chirurgiens venant de 27 pays africains sont venus se former. Nous avons eu l’honneur de soutenir cet Institut dès sa création, tant sur le plan financier qu’organisationnel. Grâce à l’implication de notre équipe en France, à notre réseau d’experts internationaux et à un transfert de compétences constant, nous continuons à accompagner cette initiative qui fait écho aux valeurs de l’IRCAD : innovation, partage et excellence au service du patient.

Dans cette newsletter, le Dr Michelle Smith, qui a pratiqué dix ans aux Etats-Unis en tant que Professeur de chirurgie en Californie puis au Texas, première fellow de l’IRCAD France il y a vingt ans, actuellement Directrice Générale de l’IRCAD Africa, revient sur cette première année riche en défis et en réussites. Elle nous parle de la vision de l’Institut, des objectifs atteints et de la voie tracée pour la démocratisation d’une chirurgie innovante accessible pour l’ensemble du continent africain.

Professeurr Jacques Marescaux
Président et Fondateur de l’IRCAD

 


Interview du mois

IRCAD Africa, un atout majeur pour l’accès aux meilleurs soins


Dr Michelle Smith
Directrice Générale, IRCAD Africa

 

Docteur Michelle Smith, l’équité d’accès aux soins reste aujourd’hui un véritable challenge à travers le monde, pouvez-nous parler de la situation en Afrique et de l’objectif de l’IRCAD Africa d’améliorer l’accès à la chirurgie ?

Dr Michelle Smith : Une étude de référence publiée en 2015 par la Commission du Lancet sur la chirurgie mondiale illustre de façon stupéfiante la difficulté d’accès à la chirurgie en Afrique sub-saharienne, avec un ratio de 0,5 chirurgiens, obstétriciens et anesthésistes pour 100 000 africains alors que les recommandations globales de l’étude portent sur un ratio de 20 / 100 000 habitants. Pour améliorer l’accès aux soins, le gouvernement du Rwanda a initié depuis un an la réforme « 4×4 », stratégie visionnaire visant à quadrupler en 4 ans le nombre de professionnels de santé, notamment en augmentant les capacités de formation de médecins et infirmières grâce à l’ouverture de nouvelles écoles. L’IRCAD Africa s’inscrit parfaitement dans cette démarche car, en plus de dispenser des formations à la chirurgie mini-invasive destinées aux chirurgiens, nous avons commencé à former les étudiants en médecine ainsi que le personnel infirmier.

 

Quelle est la contribution de l’IRCAD France à l’IRCAD Africa ?

Sans l’IRCAD France, il n’y aurait pas d’IRCAD Africa. Je ne parle pas seulement de la création de l’Institut mais aussi du soutien qui nous est apporté au quotidien, par exemple pour nous assurer que nous maintenons toutes les normes de l’IRCAD France dans le déroulement de nos formations. Nous bénéficions d’une expertise mondiale avec 800 experts que nous pouvons appeler pour donner des conférences, en personne ou virtuellement. En plus de son soutien financier, l’IRCAD France apporte aussi son aide pour former notre personnel, de sorte que nous avons pu être opérationnels très rapidement, ce qui n’aurait pas été possible autrement. L’expérience, l’expertise et la générosité du Professeur Marescaux et de son équipe ont permis à notre personnel de se rendre en France et à l’équipe française de l’IRCAD de venir ici pour nos formations, ce qui est essentiel au succès de l’IRCAD Africa. Une collaboration étroite est également en place au jour le jour, avec des échanges réguliers qui permettent de demander des conseils et de trouver des solutions en cas de problème, certaines situations ayant d’ailleurs pu être déjà rencontrées par les autres IRCAD.

 

Un an après son inauguration, le 7 octobre 2023, quel est l’impact exercé par l’IRCAD Africa ?

Au cours de cette première année, nous avons déjà formé 360 chirurgiens venant de toute l’Afrique et nous sommes en bonne voie d’atteindre notre objectif de formation de 1 000 chirurgiens en 1 000 jours. Mais je dois dire que nous sommes aussi fiers d’avoir formé à l’utilisation de l’équipement laparoscopique 20 étudiants en médecine et 24 infirmières de bloc opératoire ainsi que d’avoir dispensé une formation d’infirmiers de bloc opératoire à 24 étudiants en soins infirmiers.

Ces étudiants non chirurgiens ont beaucoup apprécié ces formations et c’est à notre sens comme cela que nous pourrons aussi renforcer l’accès à la chirurgie en Afrique, en intéressant très tôt les étudiants en médecine aux carrières chirurgicales et en formant aussi les étudiants en soins infirmiers. En effet, il est louable de créer de nouvelles écoles de médecine mais il faut quatre ans pour terminer les études puis il est nécessaire de suivre une formation spécialisée. Or le besoin en Afrique est immense et il faut trouver des solutions qui peuvent d’ores et déjà améliorer la situation locale, ce qui est la force de notre IRCAD implanté sur le continent africain. Les chirurgiens m’ayant expliqué qu’il n’y a pas assez de chirurgiens et que ce sont les infirmières qui doivent les aider au bloc opératoire, j’ai compris qu’il est impératif de former aussi le personnel infirmier. Il faut que tous les membres de l’équipe médicale puissent monter en compétences afin de pouvoir utiliser au mieux chacun des membres de l’équipe. Nous avons donc mis en place ce mois-ci pour la première fois un cours spécifique au personnel infirmier de bloc opératoire, qui a connu un grand succès. Ce cours est celui dont la provenance géographique a été la plus large, avec des participants venant d’aussi loin que le Pakistan ou l’Egypte. En formant le personnel infirmier, nous serons en mesure de diffuser plus largement la chirurgie mini-invasive car cela permet notamment de lever les craintes liées au changement de technique. De nombreux participants sont repartis en disant qu’ils seraient désormais les champions de l’approche mini-invasive dans leur hôpital alors qu’ils étaient jusque-là plutôt réfractaires.

 

Vous avez été récemment nommée Directrice Générale de l’IRCAD Africa, comment décririez-vous votre rôle ?

Je dois définir la vision, fixer les objectifs et être une source d’inspiration pour l’équipe. Je dois ainsi être en mesure de montrer où nous allons et l’impact que nous aurons. Il est très important pour tous de garder cette vision à l’esprit pour pouvoir résister au stress quotidien qui peut devenir usant. Par exemple, je consacre beaucoup de temps à chercher des soutiens financiers, ce qui est passionnant mais parfois épuisant. Je me réconforte alors en me disant « nous avons formé 360 chirurgiens » et c’est ce que je rappelle à mon équipe pour les aider à rester concentrés sur notre objectif et à avancer après des sessions de formation intenses en consommation d’énergie : « nous faisons la différence pour les patients en Afrique ».

Je considère également qu’une grande partie de mon rôle consiste à créer un esprit d’équipe grâce auquel chacun se sent valorisé, de l’agent d’entretien au chef de laboratoire. C’est une tâche quotidienne que je m’efforce de mener à bien pour que chacun se sente inclus et important, afin que nous puissions tous donner le meilleur de nous-mêmes dans le meilleur environnement de travail possible.

Je dois dire aussi que je ne remercierai jamais assez le Professeur Marescaux de m’avoir confié ce rôle car il ne s’arrête pas aux portes de l’Institut. Les femmes qui viennent suivre nos formations me voient comme une dirigeante et cela leur montre qu’elles peuvent aussi le devenir. Actuellement, seulement 16 % des chirurgiens que nous formons sont des femmes. Il faut encourager les femmes africaines à embrasser une carrière scientifique. J’ai eu le privilège d’être invitée à la première manifestation annuelle de la section rwandaise de « Women in Surgery » pour y prendre la parole car il est essentiel que les femmes africaines voient des femmes dans la position qui est la mienne, que je sois une sorte de modèle. Inspirer les femmes à entamer des études médicales et à les poursuivre est très important pour faire progresser l’accès aux soins en Afrique. Il faut les soutenir. En 2018, le magazine Forbes a déclaré que les femmes peuvent être la réponse à la nécessité d’augmenter le nombre de professionnels de santé en Afrique.

 

Quelles sont vos priorités pour l’IRCAD Africa dans les 2 ou 3 prochaines années ?

Dans tous les domaines, nous voulons démocratiser la formation des chirurgiens afin qu’il n’y ait plus de disparité entre les pays à faible revenu et les pays à revenu élevé. Grâce à l’IRCAD Africa, le niveau de compétence des chirurgiens africains a commencé à augmenter et nous souhaitons que progressivement, un plus grand nombre de nos collègues africains puisse être en capacité de venir assurer les formations en tant qu’experts.

Le développement de notre équipe d’ingénieurs est également une de nos grandes priorités. Nous travaillons directement avec les ingénieurs français pour développer l’échographie soutenue par l’intelligence artificielle, afin de permettre d’effectuer un diagnostic « automatique », avec un faible niveau de compétences. Nous en sommes à l’étape des essais cliniques. Je souhaite également augmenter les activités de recherche et de publication issues de la formation chirurgicale africaine que nous dispensons. Nous avons publié notre premier abstract cette semaine. Il est nécessaire que l’Afrique soit au même niveau que le reste du monde dans le domaine de la recherche et de la littérature scientifiques.

 

 

 

A propos de l’Institut

Créé en 1994 par le Professeur Jacques Marescaux, l’IRCAD est un institut dédié à la formation et à la recherche sur la chirurgie mini-invasive. L’Institut strasbourgeois est un centre de renommée internationale, réputé pour l’excellence de ses formations qu’elles soient présentielles – près de 8 800 chirurgiens du monde entier sont formés chaque année à Strasbourg – ou virtuelles, avec l’université en ligne Websurg, entièrement gratuite, qui compte plus de 470 000 membres connectés dans le monde entier.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur https://www.ircad.fr/fr/

Pour toute demande d’information, d’inscription ou de désinscription :
FINN Partners – sante@finnpartners.com

 

 

 

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COVID19: IRCAD sanitary measures & health pass

Please note that the IRCAD administrative board and staff are closely monitoring the evolving COVID-19 situation, in full compliance with all applicable laws and regulations in France. The health, safety, and well-being of our participants, experts and staff are our top priority!
Despite the current context, the IRCAD stands firmly by your side to help you acquire knowledge and skills. Come and join us !

We would like to draw your attention that the « Vaccine Pass » is now mandatory in France since end of January 2022 and replaces the former « Health Pass » to access places that are open to the public, such as cinemas, museums, cafés and restaurants, hotels as well as the IRCAD Institute which welcomes participants in the framework of its courses and seminars. Thus, a PCR test without vaccination is no longer sufficient to take part in our courses.

The vaccine pass includes a proof of the following (one of the 3 items is sufficient):

  • The vaccination certificate, proving that persons have a complete vaccination (as of January 15, 2022, all persons aged 18 and over must receive a booster dose no more than 7 months after their last injection or Covid infection to receive a valid vaccination pass. As of February 15, 2022, the time limits for keeping the pass will be reduced, you will have to do your booster dose 4 months and no longer 7 months after your 2nd dose to have a complete vaccine schedule and maintain a valid vaccine pass)
  • The result of a positive RT-PCR or antigenic test attesting to the recovery of Covid, more than 11 days and less than 4 months
  • The certificate of contraindication to vaccination

Further information about the new vaccine pass can be found at :

We very much hope to be able to count on your kind understanding of those rules which have been set by the French Government and which our Institute is required to apply